Au Moyen-Âge, les Mystères étaient des pièces de théâtre à thèmes religieux, jouées dans les églises et sur les parvis et mettaient en scène aussi bien les puissances divines (Dieu, anges, diables ...) que les scènes les plus triviales de la vie quotidienne. Ainsi, la Nativité au moment de Noël, la Passion et la Résurrection au moment de Pâques étaient-ils les thèmes forts de ces drames liturgiques.
Jouer ou chanter ?
Les premiers folkloristes, gascons notamment à l'image de Justin Cénac-Moncaut, condensent en un exemple-type les divers noëls auxquels il assista dans plusieurs églises de Gascogne.
Cette représentation se place non avant ou après l'office, mais au milieu de celui-ci, juste après l'évangile. L'église entière devient alors, par convention, l'étable de Bethléem où s'organisent différents tableaux entre la Sainte Famille, les anges, les bergers et bergères, les Rois Mages et le Roi Hérode. Les gestes et les déplacements sont minutieusement décrits. Enfin les nombreuses chansons, leurs places, leurs paroles et des extraits musicaux finissent de compléter cette foisonnante description. Concernant le répertoire chanté, il est intéressant de remarquer que l’ensemble des chansons présentes dans ces descriptions se retrouvent quelques 46 ans plus tard dans le recueil Nadau, Nadau, publié en 1914 par le chanoine Laborde, félibre béarnais.
A partir de ces deux documents, un travail de restitution a été réalisé en 1994. Pour la première fois, autour d’un choix de cantiques et du descriptif laissé par Cénac-Moncaut, un spectacle en quatre tableaux a été élaboré autour de l’avent, de l’appel des bergers, du voyage des bergers et de l’adoration : L’advent, L’aperet, Lo viatge et L’adoracion. Si la cathédrale de Lescar a servi à expérimenter cette redécouverte de la pastorale noëlique c’est bien à une représentation menée par plus de 200 participants que les spectateurs étaient conviés et non à une célébration liturgique. La nef condense, par convention, l’espace et le temps. Elle est le théâtre des déambulations, du jeu des acteurs, du passage des brebis et des nombreux chants polyphoniques qui se répondent entre chœur et porche et d’un côté à l’autre. Depuis 1994, au-delà de la simple représentation, chaque édition d’une Pastorale de Noël est pour tous une véritable aventure humaine et une redécouverte du patrimoine musical. Orthez, Pau, Oloron, Bayonne ont depuis connu une ou plusieurs pastorales de Noël car sorti de la tentation folklorisante, ces chants de même que le récit de la naissance de Jésus autorisent toutes les adaptations aux réalités locales. Comme toute tradition populaire la Pastorale de Noël existe de nouveau aujourd’hui car les acteurs se l’approprient, elle devient l’objet d’une aventure humaine et d’une actualité culturelle dans laquelle tout le monde se reconnaît.