Dins la forest del rèi I a grena cavalerai De tors los cavaliers Cadun mena sa migra Ceptat lo fil del rèi Que i an dich qu'èra mòrta |
Dans la forêt du roi Il y a grand groupe de cavaliers Chacun des cavaliers A avec lui sa mie Sauf le fils du roi On lui a dit qu'elle était morte |
(Dins la forèst del rèi)
(collecté auprès de Felicien Beauvié par Pierre Boissière)
Aqueras montanhas, qui tan hautas son, M'empachan de véder mas amors on son. Se canti, jo que canti, Canti per ma mia, Qui ei auprès de jo. |
Ces montagnes qui sont si hautes, M'empêchent de voir où sont mes amours. Si je chante pas pour moi Je chante pour ma mie, Qui est auprès de moi. |
Les textes de style lettré reflètent la mode littéraire d’une époque. La mode des bergeries au XVIIIe siècle et le Style Galant sont à l’origine de la composition en Béarn et Bigorre de nombreuses chansons que recueils et almanachs ont également popularisées dans l’ensemble de la Gascogne.
L’aristocrate-chansonnier Cyprien Despourrin (1698-1759) fait figure de chef de cette école. Ses chansons les plus connues sont : " La haut sus la montanha ", " Rossinholet qui cantas ", " De la plus charmanta anesqueta ".
D’autres auteurs ont suivi son exemple comme le baron de Mesplès (1729-1807) avec " Dus pastors a l’ombreta ".
Ces chants mettent en scène les amours de bergers enrubannés empruntant volontiers aux références mythologiques.
A partir du XIXème siècle nous rencontrons également quelques chants de facture lettrée en français, comme " J’aime le son du cor " certes chanté en polyphonie mais dont l’auteur du texte est bien connu puisqu’il s’agit d’Alfred de Vigny.
Le lyrisme romantique associé à l’évocation de la petite patrie produiront en occitan des chants célèbres tels que " Beth cèu de Pau " du Palois Charles Darrichon (1849-1887), " Salut Baiona " du Bayonnais Pierre Rectoran (1880-1952), chant devenu l’hymne officiel de la ville ou " La Copa Santa " de Frédéric Mistral (1830-1914), hymne des félibres chanté à chaque Félibrée de Dordogne.
Le style de création locale
Les pièces de création locale ont un auteur local, connu ou resté anonyme. Elles présentent une expression poétique de facture variable : plus ou moins soutenue ou à l’inverse tout à fait familière. Dans tous les cas, cette facture est très différente des courants littéraires.
C’est le cas de " Los tilholèrs " du bayonnais Pierre de Lesca (1729-1807) chant très connu dans tout le piémont pyrénéen et la Gascogne maritime, interprété à chaque cérémonie d’ouverture des Fêtes de Bayonne, la première banda créée dans cette ville en 1960 portant d’ailleurs son nom. Cette chanson célèbre le travail et les exploits des bateliers gascons descendant l’Adour de Peyrehorade à Bayonne.
" Los Hilhs d’Aimon " composé en Vallée de Barétous vers la fin du XIXe s à l’occasion de la Pastorale des Quatre fils d’Aymon, relate l’histoire de quatre frères persécutés par Charlemagne. Cette chanson très appréciée du village d’Arette est peu à peu devenue l’hymne du village, chanté à chaque fête du village.
Il en va de même en Vallée d’Ossau pour " Aqueths aussalés ", chantant les vertus des bergers ossalois.
" La plenta deu pastor " (Aulhèrs de totas las contradas) de Georges Sanchette et Jean-Claude Coudouy créée en 1969 appartient sans conteste à cette catégorie et témoigne de la vivacité en Béarn et dans les Pyrénées de cette culture.